Un repos dérangé

Tayson marchait déjà depuis plus d'une heure, sans savoir où aller. Il aimait bien se promener et regarder quelques scènes du passé. Des scènes heureuses ou encore amusantes. Et oui, il s'occupait bien avec ça. Alors qu'il avait les pensées ailleurs, il sentit une petite douleur venant de ses propres membres. Ce n'était pas la première fois et ça ne sera sûrement pas la dernière. Pourquoi avait-t'il mal ? C'est simple. Tayson est né avec une taille beaucoup plus grande que la moyenne. De ce fait, ses membres pouvaient lui donner quelques douleurs. Parfois, ses douleurs, pouvaient durer plusieurs heures comme plusieurs jours. Cela dépendait. En ce moment, il sentait la douleur venir. Maintenant qu'il avait l'habitude, il savait qu'elle n'allait pas tarder à monter jusqu'à ne plus marcher. Il leva les yeux devant lui et vit les collines ensoleillées. Encore heureux qu'il soit resté sur son territoire. Il alla sur cette terre, marcha encore un peu et se coucha. Seul une boule claire était voyant parmi toute cette verdure. Il avait le regard qui était posé au loin et avait l'esprit vide. Pas si vide que ça, en fait. Il pensait surtout à quelqu'un. Une légère bise passa entre ses poils et il plissa légèrement les yeux. Il était au repos, et voulait profiter de ce moment. Sans personne. La douleur se fit sentir petit à petit. Malgré cet handicap, il ne voulait absolument pas voir un soigneur. Il peut vivre sans. Alors que tout semblait être calme, il entendit un petit bruit de fond. Il ne bougea pas. Peut être qu'un loup venait à lui. Mais Tayson n'avait pas le courage de se battre. Il préféra encore laisser sa défaite pour rester tranquille. Mais apparemment, ce bruit se rapprochait de plus en plus. De plus, le mâle de bougea pas.

Encore affaibli par mes blessures suite à mon dernier combat qui, entre nous soit dit, s'était soldé par un échec et une nouvelle dette envers ma soeur, j'avais désormais peur de quitter les terres Light. Et encore, le territoire de ma meute lui-même me rendait nerveux. Car, suite à ma tentative de chasse, j'avais à présent un mauvais point de vue sur les capacités de ma meute à venir en aide aux loups dans le besoin.
Après tout, ce n'était pas plus loin que dans la grande plaine, que j'avais traqué ce faon, et c'était en ce même lieu que ma vie avait failli me quitter. Sans l'intervention miraculeuse de Rising Sun avec qui j'avais eu ce lien étrange, je ne serais pas ici aujourd'hui pour ma petite ballade. En parlant de ballade, je me rendais compte à l'instant que je m'étais déplacé jusqu'aux collines ensoleillées, qui étaient, il me semblait, proches de la frontière des Light. Par peur de quitter mon territoire, je décidais de faire demi-tour pour retourner au camp et m'allonger bien confortablement dans ma tanière, en sécurité.
Alors que j'allais quitter les collines, je tombais nez à nez, s'en m'être aperçu de son odeur, avec Tayson. Je m'apprêtais à passer inaperçu et continuer mon chemin, mais son attitude me laissais croire qu'il n'était pas en forme. J'avais un mauvais souvenir du soutien de ma meute, je ne voulais pas que cette impression d'abandon ne gagne un autre Light. Combattant ma timidité, je m'approchais de lui et d'une vois grave et calme, lui demande s'il avait besoin de mon aide.

- Quelque chose ne va pas? Tu n'as pas l'air dans ton assiette...

Je restais debout face à lui, les oreilles dressées et la queue basse, attendant sa réponse ou sa simple réaction.

Le jeune mâle avait fermé les yeux pour se sentir mieux. Mais dès que sa petite truffe noire sentit une odeur, à nouveau celle d'un loup, il ouvrit ses deux petits yeux bleus. À sa première vue, il vit deux paires de pattes. Il leva les yeux et vit Steely Gaze face à lui. Il avait l'air calme. De même pour Tayson. Perché sur ses quatre pattes, le loup brun avait sa queue baissée et ses deux oreilles étaient dressées. D'une voix calme et sûre, il plaça quelques mots dans ce silence.

- Quelque chose ne va pas ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette...

Tayson redressa lui aussi ses oreilles. On ne lui avait jamais demandé ça, auparavant. Avait-t'il une tête de malade aujourd'hui ? Il jeta son regard dans celui du gardien. Avec, toujours, son air calme, il répondit gentiment, presque un sourire aux babines.

- Oui, tout va bien. Merci de t'en inquiéter, dit-t'il en détourna le regard.

Au fond de lui, il ne voulait pas paraître pour quelqu'un de faible. Quelqu'un qui ne servirait plus à rien dans la meute. Quelqu'un qui pourrait se faire ronger les os après quelques années et finir sans but. Oh non, Tayson ne voulait vraiment pas ça. Il regarda à nouveau Steely Gaze et attendit une réponse.

Après m'avoir accordé à peine un regard, il se détourna de moi. Mais son sourire m'indiquait qu'il n'était pas indifférent à l'intérêt que je lui portais.
Cependant, il avait beau me dire qu'il allait bien, je n'en n'étais pas moins un gardien et je souhaitais que ma meute se porte bien. Hors, même s'il me disait que non, j'avais réellement l'impression qu'il n'était pas en forme. Alors, je décidais de m'asseoir à ses côtés en feignant de regarder le ciel.

- Est-ce que cela te dérange, si je reste près de toi un moment?

Après tout, pourquoi ne pas fixer quelques liens avec mes meutes, pendant ma remise en forme? Parce que je devais bien reconnaître que depuis mon arrivée, je n'avais encore créé de lien avec personne.

- Est-ce que cela te dérange, si je reste près de toi un moment ?, demanda le gardien.

Tayson regarda autour de lui et regarda à nouveau Steely Gaze. Il fit un signe positif de la tête et décida de se mettre assit, lui aussi. Il se redressa avec peine, mais arriva tout de même. Il poussa un très léger sourire et continua de fixer devant lui. Il ne tourna pas son regard vers le gardien. Il ne bougea pas non plus. Ses oreilles étaient pointées à l'avant et une bise très légèrement passa entre ses deux oreilles. Quelques poils bougèrent.

Tayson m'accueilla d'un sourire et s'assit près de moi, ne me donnant pas un regard et fixant droit devant lui. Satisfait de pouvoir veiller sur lui en silence, je me joignais à lui pour observer l'horizon. Devais-je entamer une discussion? Le calme était tellement agréable...
Me surprenant moi-même, je me décidais finalement à parler.

- T-tu es chez les light depuis longtemps?

J'étais gauche et maladroit. Mais j'étais né comme ça, et je n'avais pas d'autre choix que de faire avec.

- T-tu es chez les light depuis longtemps ?, demanda Steely Gaze.

Tayson lança un petit sourire sur ses babines, tout en fixant l'horizon. À vrai dire, il n'était pas si nouveau que ça. Cela faisait déjà quelques mois qu'il était chez les light's, mais il aimait rester discret, sans que l'on parle de lui à tout vas. Il était même sûr que certain Light ne le connaissait pas encore. Ce qui est normal, Tayson n'aime pas vraiment montrer ses capacités en public. Il tourna gentiment sa tête vers le mâle et lui répondit doucement.

- Depuis longtemps ? Pas vraiment. Cela fait quelques mois déjà. Il poussa un soupir et reprenant son regard sur l'horizon, et poursuivit sa réponse. Peut être qu'aux yeux de certain loup je suis encore inconnu. Ce qui est normal. Je ne suis pas un loup qui rêve d'être connu de tout le monde. Je suis discret et je l'assume totalement.

Il espérait que sa réponse soit suffisante, pour Steely Gaze. Mais ce qu'il espérait surtout, c'est qu'elle ne soit pas ennuyeuse et que le mâle aille tout comprit. Il attendit une autre réponse. Mais un "ah d'accord" suffirait totalement.

Ainsi, je n'étais pas le seul à souhaiter rester dans les ombres de la forêt. Ainsi, je n'étais pas le seul, dont beaucoup ignoraient encore l'existence. Cela me rendit plus confiant car je comprenais à présent que je n'étais pas anormal, et que d'autres loups pouvaient également aimer la solitude.
La curiosité sembla s'ancrer en moi sans en attendre l'autorisation. Rien que mon approche relevait du miracle, pourtant je ne comptais pas m'arrêter en si bon chemin. J'avais bien l'intention d'aller aussi loin dans la discussion, que ma timidité me le permettrait.
Alors, ne quittant pas l'horizon des yeux, je reprenais la parole calmement.

- Je suis aussi ici depuis plusieurs mois, et je n'ai croisé que quelques loups de la meute. Comme toi, je suis une ombre de la forêt.

Je le détaillais du regard et tentais une plaisanterie, même si j'ignorais s'il était dans sa nature de rire. D'un sourire, je lui indiquais malgré tout que j'ironisais.

- Un ombre moins discrète que toi, du moins.

Faisans allusion à mon pelage roux flamboyant, je me demandais ensuite s'il comprendrait la comparaison entre nos deux fourrures. Il était clair qu'il passait beaucoup plus inaperçu que moi, même s'il était presque aussi grand. Rien que son pelage l'aidait plus que le mien, à se camoufler dans les sous bois.

- Je suis aussi ici depuis plusieurs mois, et je n'ai croisé que quelques loups de la meute. Comme toi, je suis une ombre de la forêt.

Une ombre de la forêt, c'était les mots exact pour décrire ce qu'ils étaient, globalement. Steely Gaze détailla le mâle aux couleur claire, puis, d'un simple sourire, il dit à nouveau quelques paroles pour plaisanter.

- Un ombre moins discrète que toi, du moins.

Il faisait allusion aux pelages à son pelage et aussi à celui de Tayson. Il comprit tout de suite ce qu'il voulait dire. Un sourire se dessina sur ses babines, toujours fixant l'horizon. Il poussa un petit rire dans un souffle. Toujours avec un sourire, il continua.

- En hiver, je passe pour une ombre dans le paysage. Les couleurs sont claires, tout comme mon pelage. Mais en printemps, été et automne, je passe pas indiscrètement. Par contre toi, oui. Ton pelage peut facilement te camouflé. Il tourna à nouveau sa tête en direction de Steely Gaze. Cela pourrait peut être dépendre des endroits.

En fin de compte, il pensait qu'il allait bien s'entendre avec lui. Reste là, assit, devant des collines en train de parler. C'était un moment de détente pour notre Tayson. Il aimait ces moments là. Depuis le début il prenait chaque seconde comme un repos bien mérité. Peut être que lui et Tayson finiront comme de bons amis. Qui sait.

Je souriais encore une fois. J'appréciais sa présence. Il était calme et semblait être peu bavard. Ce qui me faisait du bien. Beaucoup de loups étaient survoltés, incapables de tenir en place. Pas lui.
Et puis, un mâle qui n'était pas territorial et toujours en train de chercher à soumettre tout le monde, c'était rare. Il était le premier que je rencontrais, dans ce cas-là.

- Il n'y a qu'en automne que je fais fureur dans les jeux de cache-cache. Le reste de l'année, je ne cherche même pas à être discret, je n'ai aucune chance de ne pas être repéré.

Je restais silencieux un moment et le détaillais.

- Quand on y réfléchit, nous avons chacun une saison durant laquelle notre pelage nous met en valeur.

Puis, je ressentis l'envie de changer de sujet. Ce n'était pas mon genre de parler mode durant des heures. Alors, n'attendant aucune réponse de sa part, j'entamais une nouvelle discussion, qui je l'espérait, ne lui était pas tabou.

- Tu as de la famille?

J'avais remarqué que beaucoup de loups ici, avaient perdu leur famille. En fait, il me semblait qu'il était devenu rare de rencontrer un loup ayant encore toute sa famille à ses côtés.

- Il n'y a qu'en automne que je fais fureur dans les jeux de cache-cache. Le reste de l'année, je ne cherche même pas à être discret, je n'ai aucune chance de ne pas être repéré.

Il ne répondit pas. Un silence était présent entre les deux. Puis, Steely Gaze continua.

- Quand on y réfléchit, nous avons chacun une saison durant laquelle notre pelage nous met en valeur.

Un sourit se dessina à nouveau sur les babines du grand mâle aux yeux bleu. Le silence fit de nouveau irruption. L'envie de changer de sujet ce fit sentir, aussi. C'est pour cela que le mâle au pelage brun décida de changer de sujet. Après tout, pourquoi pas. Au lieu de parler de mode ou de fourrure, parlons d'autre chose.

- Tu as de la famille ?

À vrai dire il ne s'y attendait pas à une question pareille. De toute façon, tout allait bien finir par se faire savoir. Il baissa la tête d'un air gêné. Personne ne savait qu'il avait quitté son ancienne meute, autrefois. Il était venu chez les Light's en temps que vagabond. Rien d'autre. Il releva sa tête et son regard était toujours fixé sur l'horizon. Il répondit d'une petite voix, et une réponse assez courte, mais qui voulait au mois dire quelque chose.

- Je n'ai pas de famille, dit-t'il dans un soupir. Puis, il prolongea sa phrase. Et toi ?

En espérant que ce retour de question ne soit pas trop dérangeant.

Très peu surpris, j'apprenais que Tayson faisait partie de ces nombreux loups qui n'avaient pas de famille. Après tout, ce fait n'était maintenant plus extraordinaire, et la plupart des loups que je rencontrais avaient perdu leur meute dans des circonstances tragiques. Je ne pu cacher que la surprise me prit lorsqu'il me retourna la question.

- J'ai une soeur.

Je le fixais d'un air perdu. J'avais la net impression d'avoir fait une grosse erreur. Personne n'était au courant, et j'avais eu dans l'idée que personne ne le serait jamais. Mais alors qu'il m'avait posé la question, je n'avais pu imaginer cacher l'existence de Rising Sun. Elle était bien trop importante pour moi, pour que je me permette de prétendre être seul. Je n'étais pas seul, et je n'étais pas un menteur. J'ignorais s'il allait me poser plus de questions sur elles, mais je devais avouer que j'angoissais d'avance à l'idée de lui répondre honnêtement.

Tayson espérait que Steely Gaze n'avait plus de famille, comme la plupart des loups habitants sur ces terres. Mais ce ne fut pas le cas.

- J'ai une soeur.

Sur ces mots, il leva les oreilles. Au moins, il avait une soeur. Peut être sur les terres, peut être pas. Ne cherchant pas à poser plus de question, il se tourna vers lui. Le regard du loup brun semblait être perdu. Il semblait être gêné et l’angoisse lui monta presque à la tête. À vrai dire, au fond de lui, Tayson voulait en savoir un peu plus. Peut être qu'il la connaissait. Peut être même qu'ils se sont apprécié. Baissant les yeux, il répondit d'une petite voix. Pour une fois, il posa une question parce que sa curiosité prit le dessus.

- Quel est son nom ?, demanda-t'il gentiment.

Il espérait avoir une petite réponse. Il releva ses yeux et regarde le museau de Steely Gaze, voyant qu'il était de plus en plus gêné.

Invité

Une petite tâche noire bondissait à travers les hautes herbes grasses, telle une puce l’aurait fait sur le dos d’un chien. La petite tache – qui n’est autre que Jenny, poursuivait semble-t-il un papillon. Alors qu’elle était censée être partie à la chasse depuis pas mal de temps, la miss avait décidé que les Lights avaient bien assez de chasseurs et que le gibier était tellement facile à attraper qu’elle pouvait s’accorder un jour de congé. Elle en profitait donc, dans toute la joie et la bonne humeur. Le malheureux insecte avait attiré son attention, et maintenant il s’enfuyait à tire d’aile, voyant probablement qu’elle était quelque peu dérangée. Avec un jappement joyeux, elle continue sa course sautillante, bien décidée à l’attraper. Jenny avait bien choisi son jour de repos, c’était aujourd’hui que le soleil se montrait enfin depuis la fin de l’hiver, et il brillait avec un éclat printanier. Il illuminait la grande plaine et tout ce qui s’y trouvait. Les Collines Ensoleillées prenaient de jolies couleurs, les fleurs fleurissant tout partout. Un pur délice pour les fanas de fleurs tel que Jenny. Elle savait qu’on pouvait la choper en train de flâner à tout moment, mais elle ne s’inquiétait pas plus que ça. Et même si c’était Naaman en personne, elle lui désignerait toute cette beauté, et ferait genre d’apprécier le paysage avec lui puis de retourner dans les sous bois pour continuer sa chasse au truc le plus marrant à faire, une réaction dans le style. Mais pour l’instant, ses deux yeux bleus fixaient intensément la petite bestiole. Elle ne remarqua pas les deux loups, enfin si, mais un peu tard. Elle se mangea une touffe de poil, s’heurtant à l’épaule d’un colosse roux. Elle en tomba sur le derrière et lança un : « Mais euuuuh… » en secouant la tête. Et puis, perturbée à l’idée de voir le petit papillon s’échapper, elle ré-ouvrit ses grands yeux bleus, et regarda de droite à gauche. Le petit chenapan en avait profité pour se volatiliser. Elle grogna, se releva et fini par se secouer.

« Mon papillon ! » geignit-elle, comme une enfant boudeuse l’aurait fait.

Alors que mon esprit se torturait à trouver quelque chose à répondre, le choc ne me fit pas remuer d'une griffe. Elle se percuta à moi et tomba assise, semblant ne pas comprendre ce qui lui arrivait.
N'ayant pas le temps de réfléchir, je tournais mon regard d'acier vers elle, cherchant à voir ce qui venait de se passer.
Ses paroles me firent sourire, même si un instant plus tôt je me trouvais perdu.

- Mon papillon !

Tendant le museau vers elle pour la renifler, je constatais qu'elle était de notre meute. Lui souriant amicalement, je lui proposais silencieusement mon aide pour se relever.

- Je crois que tu devra le laisser vivre, pour cette fois.

D'un regard en coin je guettais Tayson, priant pour remercier le ciel de m'avoir envoyé une aide si inespérée. J'allais pouvoir détourner le sujet principal en feignant de m’intéresser à la nouvelle venue. Souriant toujours à la jeune louve, je repris la parole d'une voix calme et assurée.

- Je m'appelle Steely Gaze. Je suis un protecteur.

Puis je décidais de me lever pour faire quelques pas, avant de retourner m'asseoir auprès des deux Light.

Lorsque qu'une jeune louve se cogna à Steely Gaze, celui-ci se tourna pour voir ce qu'il se passait. Par réflexe, Tayson tourna aussi son regard. Une jeune louve au pelage noir avait heurté le gardien aux couleurs brune. Elle se retrouva avec le train arrière posé sur le sol. Tayson sourit, lui aussi, amusé par cette scène.

- Mon papillon !, cria-t'elle comme un enfant.

Elle cherchait vraiment à pouvoir s'amuser avec une petite bestiole qui était toute aussi fragile que du verre. Le regard bleu clair de Tayson était toujours posé sur le jeune femelle. C'est à ce moment là que Steely Gaze, notre gardien, prit la parole après l'avoir renifler.

- Je crois que tu devra le laisser vivre, pour cette fois. Je m'appelle Steely Gaze. Je suis un protecteur, répondit-t'il d'une voix très calme et rassurante.

Quand à Tayson, lui, il ne préféra pas dire un mot. Après tout, on ne lui a rien demandé. Ni son prénom, sa meute, son grade et j'en passe. Ce n'était pas un loup qui se présentait déjà à la venue de quelqu'un. C'est alors que les douleurs se firent à nouveau sentir. Il n'en pouvait plus. Même en étant assit, là, à ne rien faire, ça ne passait pas. Pour cela il faudrait se reposer et essayer de moins marcher. Mais bon, pour la chasse ce n'était pas très idéal. Qui ira chasser pour lui ? Personne. Il ne souhaite vraiment pas qu'un autre loup fasse son boulot à sa place. Gentiment, il se leva, fit un demi-tour et se coucha, face aux deux loups. Quelques légères grimaces apparaissaient sur son visage mais il essaya tant de bien que de mal de les faire partir au plus vite.

Invité

La petite louve soupira, et regarda le sol pendant un instant. Le gros mâle la renifla et lui adressa la parole, elle releva des yeux brillants vers lui. Sa mine boudeuse n’avait pas disparu, et sa voix cristalline retentirait encore un peu.

« Hey Steel’, je suis pas une tueuse de papillons moi. »
Elle fixa ses grands yeux gris, et puis lui sourit. Elle jeta encore un regard alentour, avec l’espoir que l’insecte s’était posé pour se cacher, et maintenant reprendrais son envol. Mais il était vraiment partit. Elle soupira encore une fois, et entreprit de regarder le colosse avec plus d’attention. Il semblait vraiment gentil, un gros nounours. Jenny était contente d’avoir choisi la meute des Lights, ils étaient tous sympathique, vraiment. Elle jeta un regard vers l’autre loup, son air renfrogné disparu. Ils pourraient bien la distraire un peu, et puis, des papillons il y en avait pas mal dans le coin.

« Et alors, on dit pas bonjour ? »

Elle le toisa à son tour. On aurait dit qu’il y avait un air de famille entre eux, mais elle se dit que c’était de tous les mâles qu’elle pensait ça. Tous aussi grand et baraqué. La petite louve remarqua alors qu’il grimaçait. Mais avant de s’approcher plus de lui, elle se retourna vers le mâle roux.

« Ah, et moi c’est Jenny. »

Et un nouveau cent quatre-vingt degré pour faire face au loup gris. Elle remua sa truffe humide dans sa direction, et fronça les sourcils. On aurait dit un petit clown, avec ses mimiques toujours exagérées. Mais elle n’y pouvait rien. Remarquez que ça ne la gênais pas du tout de parler à de parfaits inconnus comme si elle les avaient connu depuis toujours, une habitude, sans doute.

« T’as mal où ? »

- Hey Steel’, je suis pas une tueuse de papillons moi.

Sa façon de parler, comme si elle me connaissait depuis toujours, me déstabilisa quelque peu mais m'amusait tout autant.
Derrière son air amical, la jeune femelle me paraissait encore immature et curieuse de tout, comme un louveteau l'est en temps normal jusqu'à son sixième mois. Pourtant, malgré son minuscule gabarit, je voyais bien qu'elle avait déjà bien dépassé l'âge de la première chasse.
Probablement offensée par le mutisme de Tayson, elle se tourna vers lui et le réprimanda de ne pas l'avoir saluée. Je reprenais tranquillement mon sérieux tout en observant l'autre mâle qui semblait souffrir encore. M'inquiétant en silence, je n'osa poser aucune question mais Jenny, qui venait de se présenter sous ce nom, prit la parole à ma place.

- T’as mal où ?

Je détaillais discrètement Tayson du coin de l'oeil, espérant qu'il finirait par parler et accepter l'aide que j'étais prêt à lui apporter à tout moment.
Silencieux, je guettais mon nouvel ami et la louve, qui inconsciemment venait de me sauver la mise.

- Et alors, on dit pas bonjour ?

Cette phrase concernait notre loup aux couleurs claire. Celui-ci leva ses yeux bleu-pâle vers ceux de la jeune femelle. Si il aurait pu, il lui aurait donné une réponse aussi vite que possible mais Jenny, la petite louve noire, prit à nouveau la parole. Elle se présenta. Tayson fut ravit de savoir son petit nom. Puis, la jeune louve se retourna vers Tayson et lui posa une question qui le rendit mal à l'aise.

- T'as mal où ?

Prit sous une vague de gène, il vit que Steely Gaze le regardait du coin de l'oeil. Malgré les efforts qu'il faisait pour se faire passer inaperçus, il réussit quand même à se faire remarquer. Il redressa ses oreilles et regarda les deux loups avec de grand yeux, pendant quelques secondes. Puis, il secoua un peu sa tête de gauche à droite et prit la parole.

- Je... je n'ai mal nul part, pourquoi ?

Puis, il se leva, avec un peu de peine mais ne laissa rien paraître, et regarda Jenny, légèrement de haut.

- Tu vois ? Tout vas bien.

Invité

La petite femelle noire restait à la même place, laissant vagabonder à leur guise ses deux prunelles d’un bleu océan. Elle observa avec amusement l’embarra du loup gris, et involontairement, un sourire se dessina sur ses babines. Il l’amusait. Bientôt, il se releva tout en tentant de ne plus grimacer. Mais rien que d’observer l’hésitation dont il avait fait preuve avant de se lever, et puis la difficulté pour effectuer l’opération, on devinait aisément qu’il mentait. Cependant son visage restait de marbre.

« Le Grand Môsieur à peur des piqures ? » demanda-t-elle en réprimant un rire.

On en oublierait presque Big Boy qui se cache derrière. Mais s’il croyait que Jenny allait l’oublier, ah ! il se trompait. Sa tête pivota dans sa direction, afin de savoir ce qu’il faisait. Il semblait être inquiet pour son ami le comédien. Son sourire ne la quittait, elle allait lui aussi le titiller un peu. Ca ne lui ferait pas de mal, va. Après tout, ils venaient de la priver de sa chasse aux papillons, à eux d‘en assumer les conséquences et donc de subir son surplus d’énergie.

« Aurais-tu peur que je te morde ? »

Et qu’elle rit et qu’elle sourit. A cette allure elle allait se trouver à danser la joie. Oh, le mâle roux ne devait pas mal prendre ses paroles, ce n’était pas de la provocation ni même du sarcasme. C’était juste pour se marrer. Par conséquent, ce n’était pas de la méchanceté. Sa tête se redirige vers son pote le comédien. Si ça continuait, elle allait se choper un torticolis.

« Tu sais, si tu ne veux pas aller te faire soigner, ton ami le protecteur et moi on va te conduire chez le guérisseur de force. » Courte pause, elle déglutit. « Hein, on va pas le laisser crever dans son honneur, Big Boy ? » Maintenant, elle s’adresse au loup roux, mais tout en gardant ses yeux fixés sur le gris.

[Désolée pour le retard s:]

Certes la boule de nerf qu'était cette jeune louve était très appréciable pour un loup comme moi, qui avait parfois besoin d'un coup de patte au derrière pour ne pas se renfermer sur lui-même. Mais je devais avouer, que tout autant que je l'appréciais, j'admirais son franc-parler qui pourrait peut-être, et je priais pour ça, sauver mon nouvel ami que je n'aurais laissé là pour rien au monde.

- Bien sûr que non. Il n'est pas de notre rôle de laisser l'un des nôtres, dans une mauvaise posture.

Alors qu'elle ne me regardait pas, je détournais mon regard de Tayson pour la détailler elle, en silence. Evidemment que je serais prêt à traîner le mâle de force chez notre guérisseur, si le besoin s'en faisait sentir. Mais pour le moment, il ne semblait pas agoniser au point de se rouler au sol. Je ne pouvais pas le forcer à faire quelque chose qu'il ne souhaitait pas, tant que sa vie n'était pas en danger. Mais je gardais l'oeil vigilant, prêt à bondir pour protéger les membres de ma meute.
Ma meute... Une meute, ou une véritable famille? Rising Sun... Quoi penser, désormais?

La Light, portant le nom de Jenny, semblait vouloir continuer à observer Tayson. Celui-ci ne savait pas vraiment où se mettre. Lorsqu'il s'était levé en essayant de ne pas grimacer, la jeune louve au pelage noir et aux yeux bleus se mît à sourire. Est-ce que c'était drôle ? Peut être bien, oui. Mais pas pour Tayson. Enfin, il ne le faisait pas exprès. Si cela faisait sourire les autres loups, tant pis. Ils ont tout de même le droit de sourire. Il n'allait sûrement pas prendre mal.

- Le Grand Môsieur à peur des piqûres ?

Il se mît à sourire, très légèrement. Cette louve avait un sens de l'humour qui lui plaisait bien. Peut être même que plus tard, elle saura le faire rire comme il se doit. Il remarqua aussi qu'elle et son ami, Steely Gaze, semblait vraiment s'apprécier. En amitié, bien sûr !

- Aurais-tu peur que je te morde ?

Sans dire un mot, il continua de regarder les deux autres loups. Les douleurs se faisaient toujours sentir. Son regard jonglait un peu entre le mâle roux et la femelle noire. Et même, pendant quelques secondes, il laissa son regard lissé le sol qui était sous ses coussinets. Puis, Jenny retourna son regard vers Tayson.

- Tu sais, si tu ne veux pas aller te faire soigner, ton ami le protecteur et moi on va te conduire chez le guérisseur de force.

De force ? Il n'avait pas besoin d'un guérisseur. C'est une douleur qui passera dans quelques heures seulement. Il est clair que parfois, même Tayson pouvait avoir la tête dur. En y pensant, le mâle aux couleurs claires était assez jeune et il se sentait déjà comme un loup âgé. Sa démarche habituel faisait déjà l'image d'un loup complètement pataud. Mais là, avec les douleurs en plus, il marchait tel un loup âgé, déjà près à faire ses adieux. Bref. Steely Gaze rajouter quelque chose.

- Bien sûr que non. Il n'est pas de notre rôle de laisser l'un des nôtres, dans une mauvaise posture.

Il soupira légèrement. Il se demandait même si il allait prendre la peine de répondre à tout ça. Si oui, le discours sera long. Il n'a même pas eu le temps d'en placé une. Tayson prit une petite inspiration et jongla son regard entre les deux loups, pour les faire comprendre qu'ils étaient tout les deux concernés.

- Je n'ai pas besoin d'un guérisseur ou quoi que se soit. Ça va passer, de toute façon. Il fit quelques pas, comme si il allait s'apprêté à partir. Je vous remercie quand même pour avoir proposer de l'aide.

Invité

Le loup gris sembla se durcir, comme s’il était crispé – en même temps, s’il souffrait, quoi de plus logique ? Mais cela semblait venir d’autre part, même si la douleur ne devait pas arranger son cas. Jenny observait son air contrit avec plus d’amusement qu’elle n’aurait dû. Pourquoi cela la faisait-elle rire, d’ailleurs ? La douleur était-elle amusante ? Non, certainement pas. Simplement, sa chasse aux papillons lui donnait une joie de vivre inébranlable, et probablement qu’elle n’aurait pas arrêté de sourire même si quelque chose de grave se passait. Bref, Steel’ renchérit que ce n’était pas de leur Devoir de Gentil louloup de meute de laisser crever un camarade. A croire que le mâle gris n’était rien de plus qu’un simple membre des Light. Il avait semnblé à Jen’ que c’était une véritable amitié qui liait les deux loups, mais il n’était pas exclu qu’elle se trompât.

« Je n'ai pas besoin d'un guérisseur ou quoi que se soit. Ça va passer, de toute façon. Je vous remercie quand même pour avoir proposer de l'aide. »

Elle l’avait presque ordonné, mais ce n’était pas plus mal qu’il le prenne comme ça.

« Mais de rien, Grand Môsieur. »

Il fallait noter qu’elle ne connaissait pas son nom. Et c’était elle qui se faisait passer pour une mal polie, il ne manquait pas de culot, ce Monsieur Gris ! Se présenter était la moindre des choses, lorsqu'on faisait connaissance avec quelqu'un. Mais il ne semblait pas prêt à décliner son identité, avançant une patte de sorte à s’éloigner. Mais ça commençait si bien ! Pourquoi voulait-il déjà partir ?

« Mais attends ! Tu nous laisses en plan, comme ça ? »

Nous. Non, elle n’avait pas oublié ce cher Steely Gaze, qui attendait sâgement dans son coin. Après s’être attardée quelque peu sur le mâle gris, lui faisant comprendre à son expression qu’il ne pouvait pas partir, elle pivota légèrement, de sorte à pouvoir observer le mâle roux comme bon lui semblait. Elle ne connaissait pas non plus le Colosse, bien que, lui, lui avait donné son nom. Elle décida de s’enquérir de son bien être, de sorte à engager la conversation. Aucun d'eux ne semblait fort bavard, mais soit. Ce n’est pas ce genre de détail qui allait la freiner ! La queue frétillante, elle s’adressa donc à lui.

« Alors, Steel’, ça fait combien de temps que tu es Protecteur chez cette Grande Meute que forment les Lights ? »

Jenny avait décidé de changer d’approche, se faisant plus clame – si on pouvait aller jusque là. Enfin, c’était plutôt une sorte d’humour qu’elle risquait d’être la seule à comprendre. Elle avait remarqué que le loup roux portait le Lights en haute estime, ça l’amusait d’utiliser des grands mots pour en parler. Elle était presque sûr qu’il allait lui répondre avec la fierté qu’un Alpha pourrait avoir. Son fameux sourire n’était pas prêt de la quitter !

Moi qui pensais être tranquille pour un moment, moi qui pensais qu’elle m’avait oublié, je m’étais lourdement trompé. Sa voix me ramena à la réalité alors que Tayson semblait avoir pris la décision de nous quitter. Je trouvais fort dommage qu’il nous laisse dans ces circonstances, mais d’un autre côté, j’étais soulagé de ne pas avoir à dévoiler l’identité de ma petite sœur. Naaman lui-même n’était pas au courant de cette fraternité, je ne voulais pas que l’information s’ébruite et arrive avant moi aux oreilles de ma sœur.

- Alors, Steel’, ça fait combien de temps que tu es protecteur dans cette grande meute que forment les Light ?

Combien de temps ? Je ne m’en rappelais pas moi-même. Plusieurs mois en tout cas. Mais je n’aurais su dire le nombre exact de semaines que j’avais passées ici. De toute façon, pour le peu que j’avais passé dehors, je ne devais pas être très connu des autres membres de la meute. Je soupirais calmement, plongé dans mes réflexions.

- Je t’avoue que je ne me rappelle pas bien, d’autant plus que je ne suis pas sorti tout de suite à l’air libre. M’enfin… Et toi, tu es parmi nous depuis longtemps ?

Je gardais mon regard rivé à Tayson, j’ignorais s’il était sage de le laisser partir seul. Mais avant toute réaction, j’attendais de voir s’il comptait réellement s’en aller. Auquel cas je le suivrais sans hésiter, préférant être présent au cas où il aurait finalement besoin d’aide.
L’ironie me frappa soudain, rendant à mon regard sa lueur mélancolique devenue habituelle. Comment osais-je encore proposer mon aide à ces « parfaits inconnus », alors que j’avais regardé mourir mon propre frère ?
Le jour où j’avais vu périr celui qui partageait mon sang, me revint en mémoire comme si j’étais entré dans une faille temporelle qui m’aurait guidé jusque dans le passé. Je revoyais toute la scène dans ses détails les plus parfaits, ressentant encore et encore la douleur et la peur dans l’esprit de mes petits frère et sœur. Le regard haineux de Rising Sun, celui déterminé de Sunset qui m’avait repéré bien avant que l’attaque ne commence. J’entendais ses pensées et il me prévenait d’emmener immédiatement notre sœur loin du carnage si les choses venaient à mal tourner. J’avais acquiescé de la tête alors qu’il s’était tourné vers moi d’un air résigné et plus sage que je ne l’avais jamais été. Ce jour-là, il se sentait prêt à mourir, et savait qu’il ne rentrerait pas de ce combat. J’ignorais pourquoi, mais il me semblait aujourd’hui que tout ce qu’il avait appris, les années d’entraînement intensif qu’il avait à tout prix voulu passer, avaient toujours eu un but bien précis. Ce qu’il souhaitait alors, c’était de sauver la vie de notre sœur, à n’importe quel prix. Et il avait donné sa propre existence pour protéger celle qui nous était si chère.
Pendant que j’étais resté tapi dans l’ombre, à observer le carnage dans un silence de mort, il avait offert son corps en offrande pour épargner Rising Sun. Lorsque la première arme humaine avait heurté son flanc et que dans un jappement il s’était effondré, j’avais alors surgi de ma cachette au milieu du monde bipède. Tous sans exception avaient poussé des cris de surprise et de peur, mais mon visage avait alors clairement affiché la terreur qui s’était emparée de moi. Un centième de seconde s’était écoulé avant que tout ne reprenne, leurs coups et leurs cris dans notre direction.
Mes mâchoires s’étaient fermement refermées sur Rising Sun qui avait couiné et aboyé de colère en se débattant pour retourner au combat et protéger son jumeau. Finalement, leur lien mental les avait tant rapprochés qu’ils étaient morts ensemble, et ma sœur avait perdu connaissance à l’instant où son jumeau avait perdu son âme. Le voyage fut alors beaucoup plus calme et simple, et je l’avais menée ici, en sécurité, loin des cruels êtres humains.
Après l’avoir protégée du monde extérieur, dans un recoin inhabité des terres de la Prophétie, j’étais reparti à la hâte vers notre terre natale, dans l’espoir de sauver aussi mon petit frère dont elle avait tant besoin. Mais ce fut en vain que j’avais fait un voyage de plus, car lorsque j’arrivais à l’endroit où j’avais abandonné mon propre frère, il ne restait rien d’autre que des armes abandonnées et des touffes de poils tachées de sang. Les humains avaient même emmené le cadavre de Sunset, probablement pour se servir de sa peau et dévorer sauvagement ses organes et muscles.
Dépité, j’étais retourné vers ma sœur et lorsque j’étais arrivé, je m’étais écroulé, à bout du peu de force qu’il m’était resté. Ma jeune sœur avait ensuite repris conscience et m’avait trouvé, ne se souvenant plus de moi ni de notre lien.
Réalisant que je fixais Tayson depuis trop longtemps, je secouais la tête énergiquement pour reprendre mes esprits. Un sourire timide s’afficha sur mon visage lorsque je regardais de nouveau Jenny en espérant qu’elle ne m’avait pas encore répondu, car si c’était le cas je n’avais pas fait attention à ses paroles.

Je courais sans m’arrêté, trébuchant dans toutes les
racines, pierres et autres se trouvant sur mon passage. Cette course me folle m’aplatissait
le pelage, le vent m’étourdissait. J’en avais besion, besoin de me défouler, de
faire le vide dans mon esprit. Mais plus j’y pensais, plus la boule qui siégier
dans ma gorge grossisait. Je me sentais faible et vulnérable, à me voir, un
coup de vent puissant aurait put m’emporter. Cela faisait des jours que je ne
mangeais à peine une bouchée de viande. Les larmes me brouillaient la vue, je
pensais à lui. Mais il était parti. J’essayais chaque jours de faire un mur
entre moi et tous ça, mais chaque fois elle s’écrasait. J’en étais malade.
Malade de savoir que j’avais je ne le reverrais, que jamais il ne saurait l’amour
que je lui porte.

Je ne voyais que du flou. Les larmes dégoulinaient sur mon
pelage blanc sale. Soudain, ma patte se prit dans une racine, je me sentis
tomber, j’étouffai un petit cri d’horreur. Le choc de la chute fût rude, j’étais
étalé de tout mon long sur le sol. Je me relevais tant bien que mal, quand je
me rendis compte que devant moi ce tenait Jenny, Tayson et Steely Gaze.
Honteuse et éberluée, je me rapetissais sur moi-même, voulant disparaitre sous
terre. Polie, je leur lançai tout de même :

-Bonjour

Mon regard les fuyait, mon « bonjour » n’était qu’un
chuchotement s’envolent avec le vent. Je ne faisais guère le maligne sur mes
pattes tremblotantes…

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