| Vagabonds | ~ Délivrance

Physique :
Délivrance est une louve d’apparence modeste et discrète lorsqu’on n’y prête aucune attention particulière. Elle paraît banale, avec sa fourrure marron et beige, fourrure chaude qui se fond bien dans les teintes terreuses des prairies sèches et des forêts automnales. Cependant, lorsqu’on s’approche d’elle et que l’on apprend à la connaître, il arrive que l’on s’aperçoive de détails mineurs mais cependant uniques, sur sa jolie carrure. Sur son épaule, est dessinée, comme par un fer rouge, une petite chaîne brisée. Une petite chaîne, comme celle que l’on trouve autour du cou des chiens, ou autour du pied des bipèdes emprisonnés. Mais la sienne, elle est brisée, symbole de liberté, de délivrance. Lorsqu’on s’approche d’elle, on remarque aussi immédiatement ses yeux. De loin, eux aussi paraissent très communs. Mais de près, on peut apercevoir dans le jaune or, quelques pépites d’azur, tels des éclats de saphir. Ses yeux tachetés ne se remarquent que si l’on cherche à faire connaissance en essayant de lui adresser la parole. Elle a des épaules plutôt larges pour une femelle, mais son profil finement ciselé et sa taille relativement petite, compensent largement ce léger inconvénient.
Délivrance est exactement comme son physique le suggère. Banale à l’extérieur, il faut apprendre à la connaître, entière et avec ses défauts, pour l’apprécier, et remarquer en elle, les qualités.

Caractère :
Délivrance est discrète. Passe-partout. Et c’est d’ailleurs ce que l’on voit. C’est une louve parmi la masse lupine, et il est rare de faire spécialement attention à elle. Elle parle peu, mais elle écoute beaucoup. Elle sait beaucoup de choses sur tout le monde, sans que ces personnes ne sachent pour autant son existence même ! Délivrance est cependant une excellente amie. D’un naturel pondéré, elle ne veut pas de cette guerre qui oppose les deux clans. Elle n’est ni blanche, ni noire, elle considère que le gris, est une bien meilleure position. Dans la hiérarchie, elle sait qu’elle n’est pas capable de combattre tous les gabarits, et elle se soumet plutôt rapidement quand elle ne se sent pas à la hauteur. Ce n’est pas un signe de lâcheté, c’est un signe de raison. En revanche, si un petit teigneux qu’elle peut remettre à sa place l’agace, elle n’hésite pas. Elle ne cherche pas à se placer sur un piédestal, mais elle ne se laisse pas non plus marcher sur les pattes pour terminer écraser sous le poids de tout le monde. Délivrance a beaucoup d’amour à donner, et malgré sa discrétion, il lui arrive d’entamer une conversation. C’est là que les loups les plus intelligents se rendent compte du potentiel mental qu’elle possède. Très vite, elle se sentira plus à l’aise, et discutera de tout et de rien. Très ouverte, elle est toujours à la recherche de nouvelles personnalités. Tout l’intéresse et lorsqu’on lui a parlé, on devient très rapidement amie avec elle. Il est difficile de mettre en colère Délivrance, et difficile de ne pas s’entendre du tout avec elle. Il ne lui est connu aucun ennemi à ce jour. Elle connaît combien la vie est un cadeau précieux, et elle ne cherche jamais la querelle sans raison. En revanche, lorsqu’on est très proche d’elle, et qu’elle vous apprécie beaucoup, il faut se méfier car elle est exclusive. Il se peut qu’elle veuille passer un peu plus de temps avec vous, et qu’elle devienne jalouse rapidement, si quelqu’un d’autre vient à s’approcher trop près d’un être cher. Il lui arrive parfois de songer à son enfance. Et parfois, lorsqu’elle songe trop longtemps, la nostalgie la prend. Des chagrins passés resurgissent, et si elle est seule, elle va chercher quelqu’un en qui elle a confiance pour se confier.

Histoire :
Délivrance est née un beau jour d’été. Ce 26 juillet, le soleil était haut dans le ciel, car il était près de midi. Cependant, Olympe, sa maman, se trouvait à la fraîcheur de sa tanière pour mettre au monde ses petits. Le père, le fier et orgueilleux Lambda, était parti chasser pour sa femelle. Naturellement, il avait pris son rôle de père à cœur, et avait pris la grande décision d’aider Olympe lors des tous premiers jours des petits. Seulement après, il s’en irait. Fier ne veut pas dire égoïste, et Lambda connaissait les limites d’Olympe. Effectivement, la jolie Olympe était atteinte d’une grave carence en calcium. Lorsqu’elle était petite, sa famille avait souffert de la sécheresse et de la famine, le peu de lait qu’elle avait eu à cette époque avait suffit à créer cette carence. Alors, depuis, Olympe vivait bien, mais plus faible que n’importe quel loup. Ses os, fragiles, risquaient de se briser sous un effort trop intense, alors elle faisait attention. Lorsque Lambda était tombé amoureux d’elle, il l’avait acceptée, entièrement. Ce jour-là donc, Olympe allait donner la vie. C’était son plus grand rêve, depuis toujours. « Je voudrais des petits et pouvoir subvenir à leurs besoins. » Voilà ce que disait Olympe il y a bien des années. Ce 26 juillet, son rêve allait se réaliser … et se terminer.
Elle poussa très fort pour le premier de ses petits. Ce fut un petit mâle. Depuis longtemps, Lambda et Olympe avait décidé que leur premier fils se nommerait Lambda Junior. Il fut donc appelé ainsi.
Olympe lécha son petit, et les contractions reprirent. Lambda arriva à ce moment-là, lorsque le deuxième petit pointait le bout de son museau et qu’Olympe, suante et gémissante, poussait du mieux qu’elle pouvait.
Lambda posa immédiatement sa proie, et alla aider Olympe. Il tira délicatement le petit hors de l’orifice et posa la poche glissante à côté de la mère. Groggy, elle ne réagit pas. Elle respirait fortement, et Lambda sut que quelque chose n’allait pas. Il vint près d’elle alors qu’encore une fois les contractions reprirent.
« - Le… le petit… le bébé ! » finit-elle par prononcer.
Lambda regarda la poche et se hâta de déchirer l’enveloppe. Malheureusement, le petit était mort-né. Second fils, décédé.
Lambda jeta un rapide coup d’œil sur la maman et vit une larme. Il ne sut pas si c’était la douleur de la mis bas ou la perte du nouveau-né. Il alla enfin chercher le troisième petit, qui restait coincé dans l’orifice. Il entendit Olympe faire un effort considérable, et il entendit le bruit très sonore d’os qui craquent.
Enorme silence tout à coup.
Olympe tomba, raide, sur le sol, épuisée.
Une vague de panique envahit Lambda. Il se précipita près de la tête de sa bien-aimée, la secoua du museau.
Elle gémit doucement, et, trempée de sueur elle murmura :
« -Délivre-la… »
Et elle ferma les yeux. Pour toujours. Lambda, serra les dents de rage, contre cette vie qui ne valait pas la peine d’être vécue si il devait toujours arriver d’immenses malheurs tels que ceux-ci ! Il laissa tomber une larme sur le museau d’Olympe, avant d’aller aider la dernière petite créature à s’extirper du cadavre.
Il posa la petite femelle au sol, près de son frère. La montée de lait de la mère avant sa mort était toujours présente, et la petite femelle but goulûment le précieux liquide. Lambda contempla sa progéniture. Un garçon, une fille, un cadavre. Lambda Jr, et une femelle sans nom. Lambda ne sut jamais comment Olympe avait sut que c’était une fille, mais il sut comment l’appeler. Délivrance. « Délivre-la. »
Cette nuit-là, fut la nuit la plus douloureuse de sa vie. Il prit ses petits dans sa gueule, et alla les déposer chacun devant une tanière. Il avait choisi avec soin les femelles à qui il donnait ses petits. Lambda Jr se retrouvait avec une amie proche à Olympe, qui avait en ce moment même, elle aussi des louveteaux. Délivrance fut posée chez une femelle qui venait de perdre ses petits la veille. Lambda s’assura que les petits soient trouvés et adoptés dans chaque famille. Il expliqua à la « maman » de Lambda Jr que sa mère était morte. Il fit de même pour la nouvelle « maman » de Délivrance. Et bien sûr, il ne précisa pas qu’ils étaient frères et sœurs. Il ne voulait pas qu’ils se connaissent. Et peut-être était-ce sa part d’orgueil qui le lui interdisait.
Enfin, il enterra son fils et sa femme. Il la pleura longtemps. Et quand il n’eut plus de larmes, il partit errer, sans dire à personne où il allait.
***
Délivrance grandit avec sa mère adoptive comme tous les louveteaux. Une enfance équilibrée. Elle ne connut son histoire que part les contes de sa nourrice. Jamais elle ne l’appela maman, car sa nourrice lui raconta très tôt ce qu’il s’était produit à sa naissance. Et lorsque Délivrance lui demanda où était son père, sa nourrice lui répondait qu’il était un grand aventurier, qui voyageait énormément. Elle n’en savait rien.
Un jour, un joli jour d’été, un 26 juillet, Délivrance tomba folle amoureuse d’un beau jeune loup nommé Orka. Il était beau, avec son pelage lustré et ses yeux dorés. L’amour insouciant, l’amour qui fait voler, donne des papillons dans le ventre et des étoiles dans les yeux, le bonheur du premier amour s’installa. Un jour où ils s’installèrent pour aménager ensemble leur tanière, un éboulement tua Orka. Il était resté coincé dans le tunnel et n’en ressortit jamais. Ce fut une immense déchirure dans le jeune cœur de Délivrance. Elle se rendit compte ce jour-là de l’importance de la vie. Elle le pleura à chaudes larmes mais reprit sa vie peu à peu.
Qui vivra verra. A elle d’écrire la suite…