| The Way of Blackness | ~ Huyana

Physique :
Huyana est une louve grise comme en trouve des dizaines. Voire des centaines. Mais Huyana se trouve quand même jolie. Il faut bien que quelqu’un le fasse pour elle, non ?Lorsqu’on est en apparence banale, lorsqu’on se fond dans la masse, lorsqu’on ressent le besoin d’être remarquée mais que personne ne remplit ce besoin, nous n’avons plus que soi-même. Ainsi, Huyana est d’apparence basique. Des pattes fortes, un poil épais, résistant au froid hivernal. Des poils gris, des poils blancs, des poils noirs. Et même quelques roux. Une jolie queue touffue, une tête bien proportionnée et des oreilles toutes en rondeur. Deux iris jaunes orangés. Et voilà, le portrait de Huyana est peint. Simple et confortable. Qui la remarquerait ?

Caractère :
Huyana est un peu feignante. C’est un de ces principaux défauts. Elle a souvent la flemme, ce qui lui vaut quelques remontrances de ses supérieurs. Et elle finit par obéir, en râlant. Elle parle à pas mal de gens, Huyana, et même, elle arrive à les trouver sympa. Mais elle n’a pas de véritable amie. La seule à qui elle se confie c’est la pluie. Les jours pluvieux, elle se sent plus détendue. Elle part se promener, prétextant une chasse pour la journée et elle discute d’elle avec son amie. Ca peut paraître étrange au début mais on s’y habitue. Huyana est en fait une grande sensible. Au premier abord, on ne dirait pas. Elle parle fort et haut, elle parle à tous et à toutes, elle est transparente et claire, limite étroite d’esprit et pas très finaude. Mais dans sa tête, c’est la tempête, il y a une pluie permanente, qu’elle aime tellement. Huyana est spéciale, mais personne ne le sait. Et personne ne le saura jamais car personne n’a fait un pas vers elle pour l’aborder, pour l’approcher, pour la connaître. Huyana, elle espère qu’un jour, quelqu’un osera. Mais elle est patiente, Huyana, et elle attend.Elle regarde la pluie tomber pendant des heures, elle chuchote ses secrets au ruisseau et au torrent, elle lape les flaques comme si c’était la dernière et elle observe la glace refléter son image. L’eau lui ressemble, instable, ayant plusieurs formes, fuyante ou bien calme, confiante ou bien agitée… Huyana, c’est le symbole de la pluie.

Histoire :
Un joli jour de printemps, alors qu’une giboulée de mars s’abattait sur un pré, un petit loup naquit. C’était une petite louve, plus exactement. Sa mère la prénomma Huyana, autrement dit « La Pluie qui Tombe ». Quel nom mélodieux pour cette louve qui était destinée à regarder sa vie défiler sous la pluie ! La petite louve grandit sans encombre. Elle ne connut jamais son père qui avait laissé les deux femelles ensemble lors de la naissance d’Huyana. Elles vécurent heureuses toutes les deux, en solitaires, s’aidant pour la chasse, se blottissant l’une contre l’autre toutes les nuits, bavardant de tout et de rien, regardant les étoiles filantes les nuits d’été et surtout, observant la pluie tomber. Huyana était une petite sauvage, indisciplinée, ne tenant pas en place. Pourtant sa mère ne se plaint jamais et jusqu’à sa mort supporta sa fille tout en en appréciant les qualités. Un soir de printemps, une giboulée de mars tombait et Huyana sut que ce serait la dernière que pourrait voir sa mère. Elle la fit se coucher sous la fraîcheur des gouttes et sa mère expira pour la toute dernière fois les yeux tournés vers le ciel. Cette image des yeux bleus glaces de sa mère accordés au sourire gravé sur ses babines resta dans la mémoire d’Huyana pour toujours. Tandis que sa mère avait choisit une voie solitaire, Huyana savait qu’elle ne pourrait jamais vivre cette vie pour toujours. Pour pouvoir profiter pleinement des giboulées, pour pouvoir jouer dans les flaques et sous la pluie, il lui fallait la sécurité rassurante d’une meute et d’un abri. Elle alla dans la première meute qu’elle trouva, et malgré son fond innocent, le chef de ce clan, appelé habituellement par ses membres le Clan des Black’, elle fut engagée. D’après leur chef, son esprit était « récupérable », elle était « influençable » et surtout sa musculature « valait le coup ». Huyana fit semblant de ne pas comprendre et s’inséra tant bien que mal parmi ces loups plus ou moins gentils entre eux, plus ou moins brutaux. Huyana se demande si jamais un jour quelqu’un comprendra la poésie de la pluie. Pourquoi est-ce que l’on s’abrite lorsqu’enfin la merveilleuse et providentielle pluie tombe sur terre ? Jamais elle ne comprendrait. Jamais on ne la convertirait entièrement. Elle est là, juste pour le moment. Sans attaches, sans frontière, sans réelles lois, sans réelle foi.